Vingt ans, mémoire d'une ville
- Vincent Heldenbergh
- 13 juin 2016
- 1 min de lecture
Après vingt ans, partir dans la ville pour la redécouvrir, s’y perdre comme à Venise ou à Milan pour en explorer toutes les richesses.
Prendre le temps de parcourir, rues, ruelles, et venelles. C’est aussi redécouvrir d’un passé, remonter le fil de l’histoire. S’apercevoir que pendant plus de vingt ans, nous nous sommes enfermés dans nos murs. Nous construisons nos propres barrières, nos frontières infranchissables. Nous doublons nos serrures, portes et sécurité. L’alarme se porte bien. Plus de voisins, mais l’inconnu.. Presque plus aucune maison ouverte sur la rue. Il n’y a que cette improbable graine, qui pousse auprès du toit, à la recherche d’un soleil plus fort. Elle s’accroche et affronte le vent, construit ses racines au risque de faire chuter le fronton. Et quelques coquelicots éparts, seuls.
Herstal, à pied, une autre façon de découvrir cette ville où depuis vingt ans je suis réfugié économique. Ville de maisons, urbanisme libre, galopant, exubérant, vieillissant, où dès dix-huit heures, je ne rencontre que quelques vagues échanges derrière des portes bien fermées. Les écrans nous ouvrent le monde et ferment nos portes. Avec mon appareil photo, j’apparais comme un zombie. La peur se lit sur les visages. L’échange est mort. Même un bonjour ou un bonsoir paraissent suspects et ne trouvent pas d’échos.
Au pied de la rue du Cimetière entendre l’âme des morts et les oiseaux des champs, croiser quatre enfants qui jouent encore au foot et dans le sable, attendant qu’il soit quatorze. Puis retour par Petite Voie, où chacun réclame le respect du vingt. Mon tour se termine. Je n’avais pas de stimorol. Je pars me réfugier derrière l’écran bleuté.

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