Couverture d'un autre jour, la brume évincée
- Vincent Heldenbergh
- 11 janv. 2018
- 3 min de lecture
Le

huitième jour. Le cinquième élément. Allongé, je flotte.
J’ai pris la pause, comme dirait un ami photographe. Fermer l’œil comme un diaphragme. Laissez, sans cœur sec, entrer juste ce qu’il faut de lumière ! Ouvrir un sens, tant que cela est encore possible. Ou tout bloquer
Cécile, tu m’accompagnes. Pourtant tu n’es plus, mais je peux encore entendre ta présence, comme une âme suspendue, une luciole au fond d’un bois. Tu m’accompagnes, comme chaque jour, depuis bientôt cinq ans, jusqu’au bout de ce récit.
Comme un petit oiseau bleu, je voudrai m’échapper, rejoindre le Sud. Comme un bateau ivre, vide, je vogue de nuages en nuages. Et tout à coup, la chute. Icare, loin de son soleil, je ne suis même pas majestueux et je m’écrase misérablement. Mes larges ailes, dans un acte de contrition, autour de mon corps frêle, repliées, je suis observateur au bord du précipice. Je nage encore, un peu, dans les aurores boréales, cotonneux, monte doucement. Je suis feuille, je ne veux pas me laisser prendre. Tu veux garder ta virginité. Sensible, comme de papier, je m’imprime par bribes de messages codés. Que Medhi m’ouvre en fin les yeux ! Que Medhi me comble de paroles, que mon âme se réveille à l’ombre de son écoute.
Soudain, comme un coup de laser, du dernier Jedi, un sabre me coupe du froid. Je valse du chaud au froid, du froid au chaud, je tente une dernière escapade. Il m’avait prédit un retour. Lucky se débat entre le bien et le mal dans un ciel trop gris et toi, tu es toujours couverte. Il n’a pas de chance. La feuille vole, parfois le mot s’envole, aussi, la consonne se transforme, son dessin est déjà tout tracé.
Rien n’est rose, ni bleu. J’ai croisé ton regard. Tu veux m’envoûter. Sans symbolique, je tue mon père, je rêve encore à toi. Sortir de tes limites, tu m’as trop aimé.
Te regarder, droit dans les yeux. Je perds les détails. Trop de douceurs m’entourent. Ou alors, comme un révélateur, des arbres morts surgissent de l’ombre, se tordent de douleur, se découpent au vent. « Je touche l’arbre ». Je suis mort.
De l’eau, de là, enveloppé dans une baie, l’attitude, d’un port altier, j’observe encore et encore. Perrette a glissé. Disparue. Tu es comme une vague qui monte avec mon désir et reflue avec mon désespoir.
Au loin, dans un coin d’Asie, la lune chante le soleil. C’est la valse des astres. L’étoile meurt, se disloque et m’éclaire. Mon corps se réchauffe, mon cœur se noie, mon cerveau se givre. Je veux tout arrêter. Than(at)os frappe à la porte. Chacun se raccroche à un détail. Je rechute. Et pourtant tu es là, fil, amant, de soie. Sur ta route, je t’ai cherchée, croisée, imaginée, rêvée, aimée.
PJN74 d’un jour suivant, celui à marquer d’un fer blanc, jour rêvé. Celui d’une cuisine, cousine délaissée, comme la feuille d’un livre à la face déchirée, délaissé, je gravis, je pousse mon âme, le peu de courage qu’il me reste jusqu’au-dessus de la montagne. J’y installe mon tonneau, mon chien, mon réverbère. J’observe.
Feuille envolée, lyrique, j’observe l’étendue de ton miracle. Courant d’Est en Ouest, les couleurs d’un nouveau monde, le meilleur, s’échappent d’un champ de Valkyrie. Grieg tonne. Je marche, je cours. Stop. Il n’y a plus que révérence, déférence, nuance. Je t’ai trouvée.
Je te veux en partage. Subtile. Sur le fond de ma rétine, à ta sensibilité, j’imprime mon vague à l’âme. Les gris coulent, dégoulinent, tachent. Perles aux paupières, je goutte encore au temps qui passe. D’un appareil, sans ancre sympathique, j’ouvre mon cœur. J’écarquille. Posé. Le souffle me manque déjà. Tu grimpes : lente et si douce. Tu me titilles l’œil et les narines. Je ne peux encore te saisir. Je voudrai, enfin, ton doux visage, entre mes mains. Ressentir encore cette douce caresse, aux creux de mes reins, cette étreinte naissante. Le jour. Tu vas m’envelopper. Je te jette à la gueule mon dernier cri, ma survivance et j’appelle à m’époumoner le cœur. J’ai de nouveau, soudain, chaud, froid. Je dis : « vague ». Le ressac m’apporte cette odeur, tant attendue, frémissante, grisante. Ton odeur unique, tonique.
Mais d’un azur échappé, une brise, le souffle indicible. Tu es partie, déjà, te ressourcer auprès du lac. Devrais-je me réveiller ou sombrer enfin aux creux de tes bras, comme source de délivrance ? Plonger. Refroidir mon audace, me calmer, allongé, je flotte.
Ou où pouvoir crier, au monde, au ciel, aux étoiles :
« Elle est là, vous allez enfin la découvrir et comme dans un dernier soupir, au fil d’un dernier signe, au Tibet ou au Coq, à 8000 ou 0, juste comme un point qui s’efface, au-delà du miroir, comme une f… utile : emurb al. Couverture d’un autre jour ».
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