Aube
- Vincent Heldenbergh
- 1 févr. 2018
- 2 min de lecture
A chaque aube, il sortait encore de sous sa couverture …
D’un voyage à Barcelone, il avait retiré l’obligation de lire et traduire, pour le comprendre un tant soit peu, l’essai du poète Ralph Waldo Emerson : « Self Reliance » et sur un simple bout de papier déchiré, en cursives : « One life to live my friend, live it well – (petit cœur) ».
Jamais il ne se précipitait. Plus. Le passage obligé par la salle de bains. Après une douche rapide, sous le ploc-ploc d’un chauffe-eau fuyant, il remettait inlassablement ses deux montres, une main gauche, celle du cœur, une au bras droit, l’électronique qui lui commandait, au bout d’un temps, de « bougez ! ». Surtout ne pas l’arrêter. Il ajustait alors la chaîne en or, à l’œilleton déformé, au bout de laquelle pendait deux alliances.
Des lettres imprimées d’Espagne, payées cinq euros, comme une relique échangée entre deux êtres déchirés, il en avait conquis le goût de l’écriture, une bouée, une ancre pour l’envie de nouveaux jours.
A l’aube, les codes ne l’ont pas encore formaté pour sa journée. Son esprit vagabonde. Il saute d’idées en songes. Et s’il était Pierrot ou magicien : « La roue continue de tourner et ils s’aiment d’amour tendre,
Lui,
Elle,
Dans une trilogie d’espace relationnel, scindés et entrelacés, d’un deux à une multitude, semblables et dissemblables, d’un acide décomposé. Quelqu’un les protège. D’une injustice, d’une faute à réparer, chantre de l’amour, il emporte et nous transmet, en catimini, les mots doux, les billets échangés, entre Elle et Lui, comme un rai de lumière encore puissant, il éclaire cette relation, il ouvre un espace entre terre et ciel.
Sous le bruit du silence, je t’écrirai ces mots, avant que mes doigts s’engourdissent. Je te répondrai en poème, sous des rimes monocordes, ou des rythmes endiablés. En accord majeur, je jouerai de ton cœur, y rallumerai ma flamme. Au loin, au firmament, dans une danse stellaire, d’un noir profond, t’accompagnant, j’absorberai ta chaleur, dans un cœur à cœur, dans un corps à corps. Mes pierres seront tes précieuses pierres. Dans ton ventre, je germerai la graine bien au-delà de l’envie et du simple plaisir, pour que naisse au frigo de ta chair, une vie de renouveau. Au miroir de ton regard, je changerai ces poussières en or, je te revêtirai de couleurs pour que ce blanc éternel se charge d’orange plus tendre. Je lèverai marées pour qu’au zénith, tu arroses notre amour d’une pluie enchantée. Entre chien et loup, je serai chorale. Je jouerai son et ondes pour enfin te toucher. Je serai morsures, tu seras baisers.
Dans un songe d’une nuit d’été, à l’aube d’un jour d’hiver, Lui et Elle, à la recherche d’un solstice pour que l’amour soit plus long que le jour ou la nuit. Et puis, ils se déchirent et s’entre-déchirent, s’attirent et se repoussent, dans le frémissement d’un doux baiser. Impossible.
Et alors, sous un dernier éclat de lune, sous le rai d’un soleil de minuit, à l’aube de matins heureux, amants, à jamais séparés, Elle : « Je ne peux exister que parce que tu existes » ; Lui : « Ubuntu, I’m because you’re. (Always)».
Love yolo.
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